samedi 7 janvier 2012

Les Pépitos d'or du cinéma 2011 # 01


 1 "Un amour de jeunesse" de Mia Hansen-Løve : une découverte et un coup de foudre immédiat pour ce rayon de lumière unique dans le cinéma français contemporain. S'inscrivant en droite ligne des grands films rohmeriens et, donc, de la nouvelle vague, ce film est aussi la révélation d'une jeune actrice prodigieuse, Lola Crépon. Une splendeur.


 2 "La piel que habito" de Pedro Almodovar : Film après film, le divin Pedro confirme qu'il est sans cesse en progression vers un résultat plus délicat, plus émouvant (délaissant par là-même tous ceux qui s'imaginent qu'il n'est qu'un amusant coloriste espagnol). Curieusement, cette "Peau" me fait penser aux films expérimentaux de Godard des années 80. Un très grand film.


3 "Habemus papam" de Nanni Moretti : Sans doute le film qui aura suscité le plus de commentaires stupides et à côté de la plaque de l'année. J'ai eu la chance de le découvrir le jour de Pacques au Nuvo Sacher, le cinéma de Moretti dans le Trastevere à Rome. Ceux qui n'ont pas aimé le film sont ceux qui n'ont pas vu le film qu'ils auraient aimé voir. Le propos de Moretti n'était évidemment pas la papauté ni la religion catholique dont il se fout totalement. Le sujet du film est la théâtralité et le pouvoir de la parole. Pour le coup, Piccoli est bouleversant. Et traverser Rome à pieds pour retrouver les rues sur l'écran a été un plaisir complémentaire.


4 "Le stratège" de Bennett Miller : Quel bijou ! Un film pratiquement passé inaperçu. C'est ourtant le meilleur rôle de Brad Pitt depuis des années. Quelle présence ! On m'a rétorqué qu'on ne comprend rien au baseball en France. J'ai répondu qu'il pourrait s'agir d'un documentaire sur la culture de la betterave en Bretagne au XIXème siècle que ça ne changerait rien... Il s'agit du portrait d'un perdant magnifique dans un style d'un académisme et d'une élégance savoureux. A voir et revoir.


5 "Essential killing" de Jerzy Skolimowski : Le grand retour au premier plan du grand cinéaste polonais. Un film quasi-muet totalement haletant qui parachève les expérimentations adolescentes de Gus Van Sant. Un grand film politique à tous les sens du terme.



6 "L'Appolonide" de Bertrand Bonello : Un putain de film ! Bonello signe là une magnifique mais amère réflexion sur l'état du cinéma contemporain à travers le portrait d'une étouffante maison close où flottent le fantôme de Buñuel et ceux d'autres cinéastes bien vivants. Implacable.



7 "Hugo Cabret" de Martin Scorsese : Oh le joli projet ! Scorsese revient (encore un) avec une des plus belles déclaration d'amour au cinéma dans ce qu'il a de fondamental : la magie. A travers un conte pour enfants, nous découvrons petit à petit un univers où se glisse un fantôme bien vivant, Georges Méliès. La 3D apporte une fluidité toute fraîche, comme si nous découvrions nous même le cinéma premier du début du siècle dernier.


8 "Une séparation" dAsghar Farhadi : Le film qui aura le plus fait l'unanimité en France. Peut être parfois pour de mauvaises raisons mais peu importe. Voilà une situation simple filmé simplement. La meilleure façon de découvrir que l'Iran est un pays moderne et civilisé contrairement à ce que certains tentent de nous faire croire. Un pays, une ville, des appartements, une langue, des coutumes : tout a été sujet à émerveillements pour moi.


9 "Deux de la vague" d'Antoine de Baecque et Emmanuel Laurent : Un documentaire étonnant racontant, finalement, la tragique histoire d'amour (du cinéma) entre François Truffaut et Jean-Luc Godard. Une amitié chaleureuse qui se transforme petit à petit en détestation tandis que François s'installe en tant que valeur sûre du cinéma français et Jean-Luc s'isole dans un univers quasi-monacal. Surprenant.



10 "Americano" de Mathieu Demy : un premier film et un coup de coeur pour moi. Voici un film plein de défauts mais dont l'originalité et la probable métaphore me touchent particulièrement. J'ignore si d'autres palimpsestes existent au cinéma mais cette tentative me semble d'autant plus réussie que les images originelles sont évidemment celles d'un film d'Agnès Varda. Le fantôme du père, Jacques Demy, est en quelque sorte le fil(m) conducteur de ce vrai-faux road movie : Martin part à la recherche de Lola qu'il retrouve prostituée et défigurée. La participation de Chiara Mastroianni, Geraldine Chaplin et Jean-Pierre Mocky me confortent dans mon idée que le cadavre que nous apercevons est celui du cinéma d'auteur. Salma Hayek, splendide de sensualité, apporte un peu d'espoir dans ce récit.

(...)

Aucun commentaire: